Historique, objectifs, axes d’intervention, résultats et impacts, tels étaient les grandes articulations du colloque sur les résultats du deuxième Programme national de gestion des terroirs (PNGT2), organisé du 28 au 29 janvier 2019, à Ouagadougou. Le colloque intervient après la clôture officielle des activités du Programme, le 31 décembre 2018. Placé sous le très Haut patronage du Président du Faso, Roch Marc Christian KABORE, la rencontre a réuni environ 200 acteurs de sa mise en œuvre et des bénéficiaires. A cours de la cérémonie d’ouverture, le représentant résident de la Banque mondiale au Burkina Faso, Cheick Fantamady KANTE, a salué l’excellent travail de renforcement des capacités des acteurs locaux et leur initiation aux mécanismes de planification et de mise en œuvre du développement local. La Banque mondiale, partenaire financier du PNGT, a injecté 116 milliards de francs CFA dans le Programme, dont 81 milliards ont été directement transférés aux communes rurales pour des projets de développement.


15 années fructueuses de mise en œuvre


Les quinze (15) années de mise en œuvre du projet ont permis la réalisation de 900 jardins maraîchers, la construction d’infrastructures d’accueil et de restauration dans le ranch de Nazinga de même que des locaux pour des services déconcentrés de base ainsi que le financement de plus de 26 624 micro-projets d’investissement. Pour M. KANTE, ce sont des acquis importants qui ont transformé qualitativement les mentalités, les perceptions et surtout la confiance en soi des acteurs pour la prise en main de leur propre développement. Le maire de Ouagadougou, Pierre Armand BEOUINDE, a corroboré les propos de Cheick Fantamady KANTE en soulignant que le PNGT2 se présente comme un des instruments les plus efficaces de la mise en œuvre de la coopération décentralisée. « De ce fait, la fin du Programme a une résonnance inquiétante pour les collectivités locales », a fait savoir le M. BEOUINDE.
Pour sa part, le ministre des Ressources animales et halieutiques, Soummanogo KOUTOU, représentant le ministre de l’Agriculture et des Aménagements Hydro-agricoles, a souhaité que les actes du colloque puissent servir dans le futur, à la fois le monde de la recherche, les professionnels du développement local ainsi que l’ensemble des intervenants du milieu rural. Le Président du Faso, Roch Marc Christian KABORE, a laissé entendre que la mise en œuvre du Programme a impacté plus de huit millions de Burkinabè. Il a souligné que nous devrions tirer les enseignements aussi bien positifs que négatifs de la mise en œuvre du PNGT2 et corriger les insuffisances constatées. Il a également affirmé que les discussions se poursuivent au niveau du gouvernement avec la Banque Africaine de Développement (BAD) et l’ensemble des partenaires pour la pérennisation des acquis, soit dans le cadre d’un troisième PNGT ou sous une autre forme à déterminer.
Durant les deux jours du colloque, les participants ont échangé autour des thématiques sur la contribution déterminante du PNGT à la décentralisation et du développement local, l’évolution des conditions de vie des ménages ruraux au Burkina Faso, les effets socioéconomiques du PNGT2-3, la contribution du PNGT2 à la réforme de la politique foncière, à la gestion des ressources naturelles et à l’amélioration des conditions de vie de la femme rurale. De ces réflexions, les participants sont parvenus à la conclusion que l’approche holistique et endogène en matière de développement local, utilisée par le Programme a été salutaire pour les communes et régions du Burkina. Ils ont été également unanimes sur les impacts positifs des infrastructures socioéconomiques réalisées à travers le pays mais surtout sur le renforcement des capacités des collectivités locales pour prendre en main leur développement.


Un mécanisme pour pérenniser les acquis


Au regard des nombreux acquis engrangés par le Projet, les participants ont recommandé au gouvernement la mise en place d’un autre programme de consolidation des capacités des collectivités territoriales en tenant compte des chantiers inachevés, en valorisant le stock de compétences et de connaissances produit par le PNGT2. Ils ont également relevé la nécessité d’accélérer l’accompagnement des communes pour la sécurisation foncière, la mise au point des outils d’aide à l’analyse de la rentabilité financière des microprojets économiques. En outre, ils ont recommandé la formalisation de la fonction de suivi-évaluation et celle de sauvegarde environnementale et sociale au niveau de communes pour la sauvegarde de la paix.
Le gouverneur du Centre, Sibiri de Issa OUEDRAOGO, représentant le ministre de l’Agriculture et des Aménagements Hydro-agricoles, a déclaré dans le discours de clôture du colloque que le gouvernement prend l’engagement d’approcher la Banque mondiale et d’autres partenaires pour négocier un accompagnement dans la perspective de répondre aux sollicitations légitimes des collectivités territoriales. Pour lui, les résultats du colloque confirment la pertinence du PNGT2 et son importance dans l’accompagnement des communautés locales sur le chemin du développement rural décentralisé. Il s’est dit optimiste quant à la mise en place diligente d’un instrument  au moins aussi performant, capable de répondre aux attentes des bénéficiaires pour suppléer le PNGT2. Du reste, il a invité les bénéficiaires à valoriser les acquis engrangés pour continuer de transformer qualitativement les mentalités, les perceptions et surtout la confiance en soi des acteurs pour la prise en main de leur développement.