NOUS, les participants des Etats membres du Comité permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS)  et de la CEDEAO : (Burkina Faso, Bénin, Cap Vert, Côte d’ivoire, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Togo, Tchad, Nigéria, Ghana, Libéria, Sierra Leone), sommes réunis à Ouagadougou, à l’invitation du Chef de l’Etat du Burkina Faso, Président en exercice du CILSS, aux côtés des Commissions de l’Union Africaine, de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), du G5 Sahel de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), l’Union Européenne et en présence de représentants des organisations internationales, des organisations régionales, de la recherche scientifique, des organisations de la société civile, des organisations de producteurs, du secteur privé et des partenaires techniques et financiers, dans l’objectif de développer une réponse régionale coordonnée face à l’infestation massive de la CLA.

 

 CONSIDÉRANT QUE :

  • il est unanime que la CLA constitue une réelle menace pour la sécurité sanitaire et la sécurité alimentaire des populations dans notre espace géographique et économique au  regard de l’ampleur des infestations notées dans les pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest et des difficultés constatées dans la prise en charge du fléau malgré les efforts des Gouvernements ;
  •  Elle constitue  une menace pour la sécurité alimentaire de plus de 300 millions de personnes en Afrique subsaharienne, les populations rurales étant les plus touchées ;
  • les efforts d’investissement ne sont pas, encore, à la hauteur du fléau tant dans la surveillance et la lutte ciblée que dans la recherche opérationnelle de méthodes alternatives de lutte efficaces et peu onéreuses qui sont importantes pour une gestion durable de la CLA ;
  •  Les échanges entre les pays sur le sujet, en termes d’information, de stratégie d’interventions et de recherche, sont faibles ;
  • L’implication des producteurs dans la gestion intégrée de l’invasion de la CLA demeure timide ;
  •  L’utilisation de pesticides non homologués pour la lutte constitue une réelle préoccupation de santé publique ;
  • la coordination entre les pays malgré la multitude d’efforts réalisés reste insuffisante.

RAPPELANT LES DYNAMIQUES INSTITUTIONNELLES ET LES COALITIONS DÉJÀ EXISTANTES POUR RECHERCHER UNE REPONSE COORDONNEE, À SAVOIR :

  • Les efforts des PTF en particulier la FAO, en collaboration avec les pays, relatifs au renforcement des capacités des structures régaliennes de protection des végétaux à réagir contre ce fléau par le financement de 16 projets dans le cadre de son Programme de coopération technique (PCT) et dans le cadre d’autres mécanismes de soutien financier aux pays africains ;
  • Le développement, par la FAO, d’outils de surveillance et d’alerte, de cartographie de la CLA[1] ; d’outils de modélisation permettant d’apprécier le risque de ravageurs dans la région et leurs impacts potentiels sur la sécurité alimentaire des populations[2], d’outils de présentation structurée de la situation de l’infestation à l’attention des décideurs et des autres acteurs[3], de méthodologie d’évaluation de l’impact de la CLA sur la sécurité alimentaire et les moyens d’existence des ménages[4] ;
  • L’appui à la mise en place de task force nationales dans chacun des 17 pays de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel ;
  • L’appui technique aux pays pour l’élaboration de stratégies appropriées en matière de lutte intégrée contre les ravageurs ;
  • L’appui au développement des capacités humaines, des pays,  par le biais de  programmes de formation du personnel des services de l’Etat et  des facilitateurs et par la formation des agriculteurs à travers les Champs écoles ;
  • Les gros efforts de coordination, de partage réalisés à travers différentes rencontres organisées pour sensibiliser et coordonner la réponse à la CLA, dont entre autres: (Harare : Février 2017, Nairobi : Avril 2017, Accra : Juillet 2017, Rome : Novembre 2017, Addis Abeba : Octobre 2018). 

UNANIMEMENT, NOUS AFFIRMONS :

Que le contexte est favorable à l’action : Il existe aujourd’hui un large consensus, national, régional et international pour engager un dialogue et rechercher une réponse coordonnée à la menace de la CLA autour de toutes ces initiatives et efforts développés par les Etats, les PTF, les Organisations sous régionales, régionales et internationales. 

Que beaucoup d’expériences et de connaissances pertinentes ont été accumulées tant dans la surveillance, l’alerte, la cartographie, l’analyse du risque, la mesure d’impact et la lutte qui ont apporté des solutions qu’il convient de mettre en œuvre de manière urgente et coordonnée.

Que les visions ont évolué reconnaissant la nécessité de mettre les producteurs et les services nationaux de protection des végétaux et de lutte contre les nuisibles des plantes au centre de la lutte qui a besoin d’être durable compte tenu du processus biologique d’installation de la CLA dans les plantes.

Que, conséquemment, la lutte contre l’infestation de la CLA doit être placée au cœur des priorités des stratégies et politiques de développement durable et de développement de l’agriculture aux niveaux national et régional

FIXONS L’OBJECTIF : de réduire le taux d’infestation par les nuisibles des plantes notamment de la CLA de moitié et réduire les pertes de production agricole liées à l’impact des nuisibles des plantes   de 37% à 20% à l’horizon 2023.

LANÇONS UN APPEL POUR UN ENGAGEMENT AMBITIEUX DE L’ENSEMBLE DES PARTIES PRENANTES

  • A nos propres pays ;
  • Aux organisations régionales d’intégration économique et technique ;
  • A la société civile, y compris les associations de producteurs agricoles ;
  • Au secteur privé ;
    • Aux Partenaires Techniques et Financiers.

Enfin, nous appelons toutes les parties concernées à prendre acte de l’ampleur des défis et des opportunités pour donner un nouvel élan

ENSEMBLE DÉCLARONS NOTRE ENGAGEMENT À :

  • Bâtir une alliance solide autour d’un programme régional de lutte contre la CLA et les nuisibles des plantes, en fédérant les compétences et les ressources de chacun (partenaires techniques et financiers bilatéraux et multilatéraux, Etats, secteur privé, société civile pastorale). Les appuis seront complémentaires et alignés sur les plans d’actions prioritaires des pays définis de façon participative et inclusive, en tenant compte de la dimension régionale des actions prioritaires à entreprendre, dans le respect du principe de subsidiarité ;
  • Progresser vers un cadre d’action programmatique à moyen terme.

 

 

 

                                                                                      Fait à Ouagadougou le 12 septembre 2019

 

 

 

                            LES PARTICIPANTS



[1] le Fall Armyworm Monitoring and  Early Warning system  (FAMEWS)

[2] le FAW-Risk

[3] FAW Dashboard

[4] FAW-IMPACT