« Mon champ de maïs de trois (03) hectares est infesté de chenilles. Et je ne suis pas le seul. En prenant en compte les champs de mes voisins, il y a environ trente (30) hectares de maïs ici et tout est infesté », a dit Mandé Kambou, un producteur du Sud-Ouest. C’était le 23 juin 2018 à Malba, une localité située à une quarantaine de kilomètres de Gaoua. Pour sauver son champ, a-t-il expliqué, il s’est procuré des pesticides sur la place du marché afin de venir à bout des chenilles. Ce qui n’a visiblement pas marché, celles-ci étant toujours présentes. Son voisin par contre, Ollo Palenfo, s’est référé au chef de l’Unité d’appui technique (UAT) Sidiki Sako. De la Direction régionale en charge de l’Agriculture du Sud-Ouest, il a bénéficié de vingt (20) litres de pesticides homologués pour la lutte contre la chenille légionnaire. « Avec les producteurs voisins, nous allons nous concerter et pulvériser nos exploitations en même temps. Si l’un de nous traite son champ et son voisin ne le fait pas, la chenille va demeurer », prévient Ollo Palenfo. A Bapla dans la Bougouriba, Zoubador Somé n’a pas attendu un appui en pesticides du ministère en charge de l’Agriculture.  Dès qu’il a constaté la présence de chenilles légionnaires dans son exploitation, il a acquis des pesticides pour traiter son champ. « Je me suis référé aux agents d’agriculture qui m’ont conseillé un produit. Je l’ai acheté et appliqué. Pour le moment mon maïs présente bien, contrairement à ceux qui n’ont pas encore traité les leurs », a confié Zoubador Somé, suscitant ainsi un changement de comportement auprès d’autres producteurs. Judicaël Da, l’un des voisins de M. Somé veut lui emboîter le pas. « Je n’ai pas encore traité mon champ, mais je vais le faire incessamment », a confié M.Da.

DSC 0456Dans la région du Sud-Ouest, la chenille légionnaire est présente dans toutes les provinces, souligne Sidiki Ouédraogo, responsable de la protection des végétaux de ladite région. « Nous avons un stock de plus de trois cents (300) litres de pesticides pour lutter contre ce prédateur. Un autre stock est en cours d’acquisition. Dès que la chenille est signalée, nous intervenons sur le terrain pour enrayer sa progression », ajoute Sidiki Ouédraogo.

Il est à noter qu’il y a des produits phytosanitaires systémiques et d’autres dits de   contact.   Les uns ou les autres sont   utilisés en fonction de l’évolution des plants.  Ces produits ont une rémanence de deux semaines. Il faut donc une surveillance continue des exploitations pour les traiter dès que les chenilles s’y manifestent.

Des mesures pour venir à bout du prédateur

Autre région, même constat : la chenille légionnaire est bien présente dans les Cascades. A Yendéré tout comme à Nafona, les champs de maïs sont infestés par le ravageur. « Nous avons connu pour la première fois ce prédateur en juin 2017 et depuis lors, le Ministère met tout en œuvre pour minimiser son action ; cela, à travers des campagnes d’information et de sensibilisation à la lutte contre ce nuisible », atteste le directeur régional de l’Agriculture et des Aménagements Hydrauliques des Cascades, Jean Marcel Oulé.
En outre, il a été procédé au lancement du « Projet d’appui pour la mise en place d’une stratégie de gestion durable de la chenille légionnaire d’automne (CLA) au Burkina Faso », le 28 avril 2018, à Douna dans la région des Cascades. Pour la phase pilote qui va durer dix-huit (18) mois, la mise en œuvre du Projet concerne les régions des Cascades, du Centre-Ouest et du Sud-Ouest. Financé par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) à plus de cent trente millions (130 000 000) de francs CFA, il contribuera à la mise en place de soixante (60) Champs -Ecoles des Producteurs (CEP), destinés à la formation de mille cinq cents (1 500) exploitants dans les zones pilotes d’intervention du Projet. Grâce à cette mise à niveau, les techniciens des structures d’appui-conseil et les producteurs pourront identifier rapidement les attaques et y apporter la riposte. Le projet doit aboutir à la finalisation d’un plan d’action national de gestion durable du ravageur au Burkina Faso.
Par ailleurs, dans toutes les régions du pays, des brigadiers phytosanitaires ont été formés à la lutte contre le prédateur. Le gouvernement a acquis vingt mille (20 000) litres de pesticides et de nombreux appareils de traitement phytosanitaire pour des interventions efficaces.