Tout comme dans la plupart des régions du Burkina Faso, c’est en 2017 que la chenille légionnaire d’automne a été identifiée dans les régions du Centre-Est, du Centre-Ouest, et du Centre-Sud. Avant cette date, elle était jusqu’alors inconnue des producteurs de ces régions. « A l’apparition de la chenille légionnaire d’automne, les agriculteurs l’ont confondue avec la chenille africaine, qui apparait en début de saison pluvieuse et disparait avec l’abondance des pluies. Dès que la présence de la chenille légionnaire a été déclarée, il fallait sensibiliser les producteurs avec des images à l’appui afin de leur permettre de la reconnaître », rapporte Gilles TRAORE, responsable de la protection des végétaux à la Direction régionale de l’Agriculture et des Aménagements Hydro-agricoles (DRAAH) du Centre-Est. La première réaction des encadreurs était de former et de sensibiliser les producteurs. Au centre-Est, tout comme au Centre -Sud et au Centre-Ouest, les DRAAH, avec l’appui des Chambres régionales d’Agriculture (CRA), vont mener des campagnes de sensibilisation et d’information, qui ont permis aux producteurs d’identifier l’ennemi et de déclencher la lutte. Les sensibilisations sur l’identification de la chenille légionnaire ont été renforcées par une application mobile, FAMEWS, lancée par l’Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation (FAO). FAMEWS permet la transmission d’informations sur le nuisible pour des prises de décision.
Les premières méthodes de lutte viennent des initiatives des producteurs. « Au tout début, quand la chenille est entrée dans nos champs, nous étions désemparés. Un vieux m’a conseillé d’utiliser de la cendre. J’en ai alors saupoudré les bourgeons des plants et nous avons constaté une réduction de la virulence sur les plants ». Cette méthode rapportée par Lamine SORE, trésorier de l’Union provinciale des producteurs de maïs de Bulkiemdé, dans la région du Centre -Ouest, a été aussi expérimentée par les producteurs des régions du Centre-Est et du Centre-Sud sans que la fiabilité d’une telle pratique ne soit scientifiquement établie.
De plus, les producteurs ont utilisé de l’huile de neem, des décoctions des feuilles de neem et du détergent liquide, entre autres, pour contrer l’avancée du dévastateur. Ces méthodes ont été renforcées par celles conseillées par les encadreurs techniques. Il s’agit de méthodes mécaniques et culturales. La méthode mécanique consiste à détruire les larves et les œufs en les pressant dans les feuilles des plants. Cette technique est renforcée par la technique culturale, qui consiste en une surveillance constante des champs et au respect strict des paquets technologiques.
Les producteurs ont également eu recours aux méthodes de lutte chimique avec l’usage des pesticides. La lutte chimique s’est avérée plus rapide et plus efficace. Elle a été renforcée par le Gouvernement à travers la mise à disposition de pesticides homologués, dont ont bénéficié les producteurs des régions sillonnées. « Les encadreurs nous ont donné les produits à utiliser pour le traitement, il y en avait en granulé et en liquide. J’ai pulvérisé plusieurs champs dans ma commune et les propriétaires s’en sont sortis », a confié Rasmané OUEDRAOGO, brigadier phytosanitaire dans la commune de Kombissiri, dans le Centre-Sud. « La méthode chimique a été la plus utilisée », a affirmé Raogo OUEDRAOGO, responsable de la protection des végétaux à la DRAAH Centre-Sud. Les encadreurs agricoles s’accordent à dire que les moyens chimiques étaient le dernier recours.
La campagne agricole 2019-2020 n’a pas été exemptée de la chenille légionnaire. Cependant, de l’appréciation des producteurs et des services techniques, les dégâts ont été limités dans la plupart des régions grâce à l’anticipation de la lutte et la mise à disposition de pesticides. Cette lutte a connu l’implication des services de l’administration locale et déconcentrée, des comités de veille locaux, des organisations paysannes, et des partenaires techniques et financiers, notamment la FAO.