Un attroupement de producteurs agricoles ce matin du lundi 13 juillet 2020 devant la boutique des intrants de la commune de Koumbia dans la province du Tuy, région des Hauts-Bassins, située à l’intérieur du marché. Ils y sont pour entrer en possession de leurs intrants agricoles. Dans la boutique, il ne reste plus que des sacs d’engrais. « Les semences ont été écoulées au mois de juin », confie le Directeur provincial de l’Agriculture et des Aménagements Hydro-agricoles du Tuy, Dassi LOUGUE. « Avec la pluie de ce matin, les producteurs viennent chercher les engrais pour appliquer dans leurs champs », a poursuivi le Directeur provincial.
Agnès BONKIAN, productrice dans la commune de Koumbia est venue chercher des intrants. Après vérification de son identité par les opérateurs de distribution, elle reçoit la confirmation que son ménage est bénéficiaire de neuf sacs d’engrais. La productrice s’est acquittée de la somme de 108 mille francs CFA, à raison de 12 mille francs CFA le sac d’engrais, auprès d’un opérateur de transfert d’argent, mobilisé pour la cause. Là, elle a reçu une référence paiement qu’elle a présentée au distributeur qui lui remet ses sacs d’engrais, composés d’un sac d’engrais DAP, trois sacs d’urée et cinq sacs de NPK. Agnès BONKIAN avait reçu un message téléphonique indiquant le nombre de sacs d’engrais à recevoir et le montant à payer. « Mon époux et moi exploitons une superficie de 2 hectares. Nous y produisons du maïs et du soja. J’apprécie le nouveau mécanisme », a-t-elle dit, satisfaite.
Ce mode de distribution d’intrants agricoles appelé « agri voucher » est effectif au Burkina Faso depuis le mois de mai.
A Houndé, la boutique d’intrants ne désemplit pas. A la date du 13 juillet, les opérateurs avait enregistré 2 547 bons servis sur les 5 294 destinés à la commune.
Selon les acteurs, le processus se déroule bien dans ces communes, excepté quelques perturbations du réseau téléphonique auxquelles les habitants ont dit s‘être habitués.
Dans la région des Hauts-Bassins, les agriculteurs saluent cette initiative. « Avec ce mécanisme, il n’y a pas de fraude, les quantités sont fixes et ne peuvent pas être manipulées. Elles sont indiquées par un message que vous recevez sur votre téléphone, et c’est ce que l’opérateur vous remet », s’est réjoui Dofiniyébé Joseph BONKIAN, producteur à Koumbia, ayant bénéficié de 50 kg de semences de maïs et de neuf sacs d’engrais qu’il applique déjà dans son champ. Il loue les avantages du mécanisme, qui selon lui, est transparent. « C’est la première fois que je bénéficie de semences maïs. J’ai reçu 45 kg au prix de 3000 francs CFA. Peut-être que s’ils avaient fait autrement, je n’allais pas en bénéficier », confie Ousmane GONDE, cultivateur à Samandéni dans la commune rurale de Bama. Avec ces semences, il a emblavé 2 ha. Il y a de cela un an il avait bénéficié d’un bœuf de trait qu’il utilise pour le labour. Pour lui, ces appuis de l’Etat sont un encouragement à produire davantage.
Pour les producteurs, le nouveau mécanisme est fiable et leur facilite les choses, car auparavant, il leur fallait parfois parcourir des dizaines de kilomètres pour s’acquitter de la somme à verser. Pour ce qui est du coût, les producteurs le trouvent plus accessible.
« Sur le marché, nous achetons le sac d’engrais à 17 mille 500 francs CFA contre 12 mille francs seulement ici », soutient Dofiniyébé Joseph BONKIAN. Il estime que cet appui va permettre à son ménage de produire suffisamment pour nourrir.
Pour être bénéficiaire des intrants et équipements agricoles, le producteur doit au préalable avoir été enregistré lors du dernier Recensement général de la population et de l’habitat. C’est dans cette base de données que les bénéficiaires sont sélectionnés de façon aléatoire. Ils reçoivent ensuite un message leur indiquant la quantité d’intrants qui leur revient et le montant à payer. Selon le Directeur provincial de l’Agriculture et des Aménagements Hydro-agricoles du Tuy, Dassi LOUGUE, une liste des bénéficiaires est mise à la disposition des populations dans les communes et sur les sites de distribution des intrants.
Pour les personnes ayant perdu le message ou n’ayant pas reçu de message, elles sont aidées par les opérateurs en collaboration avec les agents d’appui-conseil. « Nous vérifions sur la liste, si leur nom s’y trouve, nous les servons. Si elles n’ont pas leur nom, nous envoyons leur numéro de téléphone à Ouaga pour confirmer ou infirmer. Au cas où l’intéressé est bénéficiaire, il reçoit à nouveau le message et il est servi », a précisé Issaka BONI opérateur de distribution à Houndé. Selon lui, il y a de quoi se réjouir au regard de la simplicité du mécanisme.
Autre point de satisfaction des acteurs, l’augmentation de la quantité des intrants. Selon le Directeur régional de l’Agriculture et des Aménagements Hydro-agricoles des Hauts-Bassins, Julien OUEDRAOGO, l’appui de l’Etat pour cette campagne agricole dans sa région a considérablement augmenté. « Pour cette campagne, nous avons reçu 1 878 tonnes de semences contre 806 tonnes l’an dernier, soit une hausse de 134% » a-t-il dit. En termes d’engrais, la région a une dotation de 4150 tonnes contre 2039 tonnes en 2019, soit une hausse de 104 %.
Selon Julien OUEDRAOGO, ces appuis vont permettre à la région d’atteindre les objectifs de production qui se chiffrent à 1 million 607 mille tonnes, toutes spéculations confondues.