Pour faire face aux effets néfastes des aléas climatiques sur la production agricole, le Gouvernement burkinabè s’est engagé dans une vision globale de gestion des risques agricoles et alimentaires en créant, en 2019, le Projet de gestion des risques agricoles et alimentaires (PRAA). La vision du PRAA est de sécuriser le capital de production agro-sylvo-pastorale en vue de soutenir durablement l’économie rurale et de renforcer la résilience des acteurs pour une sécurité alimentaire durable. Dans sa mise en œuvre, il est prévu une phase pilote du volet « assurance agricole » sur la production du maïs avec les poches de sécheresse comme risque à assurer dans les régions du Centre-Ouest, de la Boucle du Mouhoun et de l’Est. C’est dans cette optique qu’une équipe composée des cadres du ministère de l'Agriculture et des Aménagements Hydro-agricoles, du Ministère de l’Economie, des Finances et du Développement (MINEFID), de l’Agence nationale de la météorologie (ANAM) et des représentants de la SONAR IARD a effectué une campagne de sensibilisation dans les régions concernées du 6 au 13 août 2020.

A Koudougou, l’équipe a rencontré les acteurs du monde rural, le 6 août 2020, sous la présidence du Secrétaire général de la région, Daouda TRAORE, représentant le Gouverneur. A cette occasion, les organisations paysannes ont apprécié l’initiative. Pour le Secrétaire général de la Confédération paysanne du Faso (CPF), Marc GANSONRE, la mise en œuvre de l'assurance agricole répond à un plaidoyer mené à plusieurs reprises par les organisations paysannes pour accompagner les producteurs à faire face aux effets du changement climatique. « Nous accueillons avec joie cette initiative », a-t-il dit. Et d'ajouter que si les indices qui vont être utilisés peuvent donner des faveurs aux producteurs, le mécanisme pourrait galvaniser la production et aussi renforcer les capacités productives des exploitations agricoles. En outre, Marc GANSONRE a souligné que l'assurance agricole donne une garantie aux producteurs pour aller vers les institutions financières en vue d'avoir des crédits pour la production.

Pour sa part, le Secrétaire général de la région du Centre-Ouest, Daouda TRAORE, représentant le Gouverneur, a invité les participants à suivre minutieusement les communications et à souscrire massivement à l’assurance agricole pour l’atteinte de la sécurité alimentaire au Burkina Faso.

Après la ville de Koudougou, l'équipe de sensibilisation a poursuivi sa mission d’information sur l’assurance agricole à Dédougou, dans la région de la Boucle du Mouhoun. Le lundi 10 août 2020, elle a échangé avec les acteurs du monde rural de cette région. Pour le Gouverneur de la région de la Boucle du Mouhoun, Sié Edgard SOU, le risque d’une mauvaise récolte en agriculture constitue un facteur limitant dans l’investissement financier consenti par les acteurs directs et par les institutions de financement. Et d'ajouter qu'avec la mise en œuvre de l'assurance agricole « toutes les conditions sont désormais réunies pour permettre aux acteurs agricoles de produire plus sereinement, de nouer des accords des partenariats sûrs et durables et surtout, pour favoriser les investissements privés dans l’agriculture ».

A Fada N’Gourma, c’est le Secrétaire général de la région de l'Est,  Hamidou SORE, qui a présidé la rencontre le jeudi 13 août 2020. Pour le représentant de la Confédération paysanne du Faso, Kambamboli TANKOANO, la souscription au prix subventionné de 6 193 FCFA l’hectare est abordable pour tous les producteurs. « Pour un début, c'est une bonne chose. Au fur et à mesure, on pourrait intégrer d'autres spéculations et d'autres paramètres », a-t-il dit.

Pour sa part, le Secrétaire général de la région de l'Est, Hamidou SORE, a invité les agents d'agriculture à être de bons relais dans la transmission de l'information pour une adhésion de tous les acteurs. Par ailleurs, il a exhorté les producteurs à souscrire massivement à l'assurance agricole pour sécuriser leurs productions agricoles.

Ces ateliers de sensibilisation ont également servi de cadre pour le lancement des souscriptions prévues pour prendre fin le 14 août dans la région du Centre-Ouest, le 18 août dans la région de la Boucle du Mouhoun et le 21 août dans la région de l’Est. Les souscriptions se font, pour cette campagne, auprès des agents en charge de l'Agriculture des localités concernées.

Pour la campagne agricole 2020-2021, le maïs est la production concernée par l'assurance agricole. Les potentiels souscripteurs sont les personnes physiques ou morales (coopératives, associations). Le coût de la souscription subventionnée est de 6 193 FCFA par hectare avec une garantie maximale de 130 000 F CFA par hectare. Pour la subvention des coûts de souscription (prime d’assurance), l’Etat burkinabè a injecté une enveloppe globale de 200 millions de F CFA pour la présente campagne agricole de saison humide.

 

ENCADRE

Le système de dédommagement prévoit à la fin de la campagne, par zone, le calcul du rendement à l’hectare à comparer au rendement minimal de 525 kg/ha. Si le résultat trouvé est supérieur à 525 kg/ha, il n’y a pas de dédommagement. Par contre, si le résultat est inférieur à 525 kg/ha, on vérifiera s’il y a eu des insuffisances (déficits) de pluies ou des poches de sécheresse.

- s’il n’y a pas eu d’insuffisance de pluies ou de sécheresse, il n’y a pas de dédommagement ;

- s’il y a eu insuffisance de pluies ou de sécheresse, alors tous les producteurs de la zone concernée seront dédommagés au même montant par hectare en fonction de l’écart observé entre le rendement calculé et celui de 525 kg/ha sans que cet écart n’excède 320 kg/ha.

Si ledit écart venait à être égal ou supérieur à 320 kg/ha, alors l’indemnisation sera de 130 000 FCFA/ha.

On considère qu’il y a eu pluie si la hauteur d’eau tombée est supérieure ou égal à trois (03) mm dans une journée. L’insuffisance de pluies se traduit par des précipitations totales en dessous de la référence annuelle de la zone. Quant à la période de sécheresse, elle correspond à une absence de pluie pendant 9 jours pendant la période végétative et de 10 jours au stade de la floraison.

Tous les dommages et toutes les baisses de rendement non liés à des insuffisances de pluies ou à une sécheresse ne sont pas couverts par l’assurance.