« Ce modèle est très avantageux. Il me permet de produire en saison sèche alors qu’avant, je ne produisais qu’en saison pluvieuse. Je n’ai plus besoin de regarder le ciel pour produire. Avant on avait une production par an, avec un chiffre d’affaires d’environ 3 millions. Avec ce système, on peut avoir 3 à 4 cycles de production avec un chiffre d’affaires d’environ 10 millions de francs CFA », affirme Samba TRAORE, producteur à Nafona, dans la région des Cascades.

Le Département de l’Agriculture et des Ressources Animales et Halieutiques l'a accompagné dans l’implantation du nouveau modèle d’exploitation agricole innovante, résiliente et performante(AIRP). En effet, sur son site trône un château d’eau qui est alimenté par un forage et une pompe solaire. Un système d’irrigation par aspersion lui permet d’arroser ses plants. Ce qui favorise la production en toute saison. « Nous produisons entre autres des céréales, des arachides, du niébé fourrager, de la semence de niébé fourrager, etc. Grâce au forage et au système d’irrigation, les plants ont survécu aux poches de sécheresse pendant la saison pluvieuse. De plus avec ce système, on peut avoir un bon calendrier agricole. On produit ce que l’on veut au moment opportun pour éviter la surproduction et les difficultés d’écoulement de la production », a confié Samba TRAORE à propos des avantages du modèle d’exploitation.   Il a ajouté qu’il utilisait beaucoup de carburant pour irriguer son exploitation et dépensait beaucoup d’argent dans l’entretien de la motopompe. Des dépenses qui sont aujourd’hui réduites selon le producteur, toute chose qui augmente son bénéfice.IMG 9950

« Selon mes calculs, je gagne plus. Je n’utilise plus le carburant et la main d’œuvre est réduite. Avant, pour entretenir un hectare, je dépensais environ 50 000 francs CFA par semaine dans la main d’œuvre, les insecticides et le carburant. Actuellement mes dépenses sont réduites à plus de 70% », a dit Samba TRAORE.

 En plus de l'agriculture, il fait de la pisciculture, de l’élevage de bovins, d’ovins et de la volaille.  Le forage lui permet de disposer d'eau potable pour la consommation humaine, d’alimenter son bassin piscicole ainsi que l’abreuvoir des animaux. Parlant de la fonctionnalité du système, Samba TRAORE assure n’avoir aucun problème jusque-là. Et il bénéficie de l'appui- conseil du réseau d’encadrement du ministère en charge de l’agriculture.

Les autres producteurs bénéficiaires de cet appui du Gouvernement apprécient positivement l’AIRP.

IMG 9967« Pour moi, sans la maitrise de l’eau on ne peut faire de l’agriculture moderne. Imaginez le nombre de production qu’on peut faire par an grâce à ce système. Adopter ce modèle est une bonne politique qu’il faut promouvoir. Il faut également former les gens afin qu’il puisse continuer après la fin du projet », estime pour sa part Dr Doulaye TRAORE, associé gérant de la ferme DRANA Farming, dans la région des Cascades. La ferme a bénéficié de l’appui du Gouvernement pour l’installation du nouveau modèle agricole.

Pour Nouhoun TRAORE, producteur à Diaraba Koko, dans la région des Cascades, l’apport du nouveau modèle est indiscutable même si le sien vient d’être installé. « Sur le plan financier, je suis sûr que j’aurai d’énormes bénéfices car je peux produire à tout moment. Je remercie vraiment l’Etat pour cette initiative », a-il dit. Convaincu de l’utilité de cette nouvelle approche, Nouhoun TRAORE sensibilise autour de lui. Il invite les autres producteurs à venir regarder son exploitation afin de la dupliquer.

Dans la région des Hauts-Bassins, les producteurs bénéficiaires du nouveau modèle d’exploitation agricole sont unanimes sur les avantages du dispositif.

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« Ce modèle est très avantageux. Il permet d’économiser le coût du carburant car le soleil fait tout le travail. Ce système permet d’avoir une parfaite maitrise de l’eau et d’irriguer convenablement les plants. Le système vient d’être installé, mais je pense qu’il va nous permettre de produire 2 ou 3 fois dans l’année. Il n’y a pas à hésiter à adopter ce modèle car il est rentable. Il fallait par exemple 10 à 20 litres de gasoil pour irriguer nos champs par jour. Aujourd’hui on ne débourse pas un sou pour cela, ce qui est un immense bénéfice », estime Zakaria SANOU, producteur à Santidougou.

Pour lui, il est important de promouvoir davantage le nouveau modèle d’exploitation agricole car il peut conduire le Burkina Faso à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, d’autant que les pluies se font rares.  Même son de cloche pour Yacouba SANOU, producteur à Diaradougou, dans la commune de Bama, et Akekou LONKOU, producteur à Koho.

Implanter l’AIRP, un investissement rentable !

Selon Rokiatou TRAORE, Directrice du Développement de l’irrigation, le nouveau modèle d’exploitation agricole innovante, résiliente et performante est une initiative basée sur une approche intégrée de développement sylvo-agro-pastoral. Ce système intègre la production végétale et la production animale et piscicole. Il prend en compte l’approvisionnement en eau potable avec la réalisation d’une borne fontaine. Le modèle résout aussi la question de la pression anthropique autour des eaux de surface et réduit les charges liées à l’utilisation des énergies fossiles pour l’exhaure de l’eau.

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Le principe de mise en œuvre du modèle est axé sur la ressource en eau souterraine à travers un forage avec un débit d’au moins 5m3, équipé d’une pompe immergée électrique alimentée grâce à l’énergie solaire. Avec cette énergie, l’eau est refoulée vers un château pour être stockée et utilisée par la suite pour alimenter le réseau d’irrigation, un étang piscicole et un abreuvoir.

Rokiatou TRAORE poursuit que la rentabilité du modèle a été évaluée lors la phase pilote à travers trois scenarii. Pour le scénario normal, le promoteur rentabilise le modèle en 3 ans 5 mois et pour 100 francs CFA investis, il a un bénéfice de 35 francs. Dans le scénario optimiste, le promoteur rentabilise l’investissement en 2 ans 7 mois et dans celui pessimiste, il rentabilise l’investissement au bout de 5 ans.