Mesdames et Messieurs les Journalistes,

Bonjour et merci de votre présence à cette conférence de presse sur la gestion de la situation alimentaire et nutritionnelle du pays.  Votre mobilisation à cette rencontre témoigne de votre engagement à contribuer au renforcement de la résilience des personnes vulnérables et à l’amélioration de leurs conditions de vie. Soyez-en remerciés !

La présente déclaration liminaire s’articule autour des points suivants :

  • la situation alimentaire et nutritionnelle des personnes et du cheptel;
  • les actions de renforcement de la sécurité alimentaire ;
  • les mesures d’accompagnement pour la production au titre de la campagne agropastorale 2022-2023.

 

  • La situation alimentaire et nutritionnelle des ménages et du cheptel

A l’issue de la campagne agropastorale écoulée, la production céréalière nationale définitive s’est établie à 4 661 140 tonnes. Comparée à celle de la campagne agricole 2020-2021 et à la moyenne des cinq dernières années, elle est en baisse respectivement de 10% et de 2,61%. Au regard de ces résultats, 52% de ménages agricoles éprouvent des difficultés pour couvrir leurs besoins céréaliers sur la base de leur propre production. Ils devront recourir au marché caractérisé par des baisses généralisées des approvisionnements en denrées alimentaires, des hausses de prix et des dysfonctionnements liés à l’insécurité.

Le disponible fourrager de la campagne agro-pastorale 2021/2022 est estimé à 20 970 144 tonnes de matières sèches pour un besoin de 18 479 285 tonnes de matières sèches, équivalant à un taux de couverture de 113%. Malgré cet équilibre au plan national, au moins 15 provinces font face à un déficit fourrager.

Face à ces difficultés, les analyses établissent que 2 366 447 personnes avaient besoin d’assistance alimentaire immédiate entre mars et mai 2022. Cette situation pourrait se dégrader sur la période de juin à août pour toucher 3 453 000 personnes.

La situation nutritionnelle des enfants de moins de 5 ans demeure préoccupante dans le pays. En effet, l’on enregistre une augmentation de 10% du nombre d’enfants âgés de 6 à 59 mois qui pourraient souffrir de malnutrition aiguë et une montée des cas de malnutrition aiguë sévère de plus de 18 % par rapport à l’année dernière.

Au plan pastoral, l’indisponibilité de fourrage dans certaines localités, la réduction de la mobilité des troupeaux du fait de l’insécurité, l’assèchement des points d’eau, l’apparition de la grippe aviaire et le renchérissement des prix des sous-produits agro-industriels constituent une menace à la sécurité alimentaire et nutritionnelle du cheptel.

En outre, la crise sécuritaire a contraint de nombreuses personnes au déplacement, imposant à l’Etat et à ses partenaires des efforts plus accrus pour le renforcement de leur résilience à l’insécurité alimentaire.

  • Les actions de renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages et du cheptel

Pour faire face à la situation alimentaire et nutritionnelle, l’Etat et ses partenaires ont élaboré un Plan de réponse et de soutien aux personnes vulnérables à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition. Adopté en conseil des ministres en sa séance du mercredi 18 mai 2022, ce Plan, d’un coût de 237 milliards 780 millions de francs CFA, vise à soutenir les populations vulnérables à travers des actions harmonisées d’assistance alimentaire, de protection des moyens d’existence, de prévention et de prise en charge de la malnutrition.

Les réponses concernent l’assistance alimentaire aux personnes vulnérables, y compris les Personnes Déplacées Internes et les ménages hôtes, la remise de numéraires dans le cadre du cash for work et du cash inconditionnel, le soutien à la production agricole et animale, la prévention et la prise en charge des enfants de moins de 5 ans malnutris, des femmes enceintes et allaitantes malnutries et le soutien à l’approvisionnement en eau potable.  

Au regard de l’ampleur de la situation et sa complexité, le dispositif national de sécurité alimentaire a jugé nécessaire de mettre en place une Task Force qui s’emploie au quotidien à la mobilisation des ressources et à la mise en œuvre efficiente du Plan de réponse.

Plusieurs interventions sont en cours au bénéfice des cibles. Les points de vente de céréales de la Société nationale de gestion du stock de sécurité alimentaire (SONAGESS) ont été réactivés depuis le 8 avril 2022. Au total, 100 000 tonnes de céréales y sont vendues à prix réduits de 6 000 francs CFA le sac de 50 kg dans environ 400 points de vente repartis sur l’ensemble du territoire national.

Plusieurs autres actions ont également été engagées. Il s’agit de la distribution de vivres aux personnes déplacées, la reconstitution des stocks céréaliers, l’acquisition d’aliments pour bétail, la distribution de cash aux ménages vulnérables, l’appui aux enfants et aux femmes souffrant de malnutrition.

Mesdames et Messieurs les journalistes,

Je voudrais appeler à la solidarité nationale et internationale autour du financement et de la mise en œuvre du Plan de réponse et de soutien aux personnes vulnérables. La Task Force reste ouverte aux contributions de tous les acteurs.

Par-dessus la gestion de cette conjoncture, nous œuvrons à relancer la production agropastorale à l’effet d’assurer de façon durable la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la population.  

  • Mesures d’accompagnement à la production agropastorale

Cette situation alimentaire difficile nous interpelle sur l’impératif d’intensifier notre production pour rompre avec les cycles récurrents de déficits céréaliers.

Dans le cadre du mécanisme de subvention des intrants et équipements agricoles au profit des producteurs vulnérables, 5 000 tonnes de semences améliorées et environ 30 000 tonnes d’engrais seront fournies aux producteurs. Un appui en semences fourragères sera apporté pour la production de fourrage.

Par ailleurs, en dehors du mécanisme de subvention des intrants, la Centrale d’approvisionnement en intrants et matériels agricoles (CAIMA) s’emploie à mettre à la disposition des acteurs 73 000 tonnes d’engrais, dont une importante partie est déjà acheminée dans les différentes régions, au bénéfice des producteurs qui pourront s’en procurer à un coût accessible.

En sus, 4 000 tonnes de phosphate, de la fumure organique et de l’activeur de compost sont mobilisés au profit des producteurs.

De façon spécifique, le ministère en charge de l’Agriculture et ses partenaires fournissent gratuitement aux Personnes Déplacées Internes (PDI) des semences, des engrais, ainsi que des noyaux d’animaux reproducteurs, des aliments pour bétail. Des démarches ont été entreprises auprès des populations hôtes afin que des terres cultivables soient consenties aux Personnes Déplacées Internes.

Dans le domaine de la vulgarisation et de l’appui-conseil agricoles, en plus du réseau d’appui-conseil, il est mis en œuvre le Projet de renforcement des services de production agricole par le numérique (PRSAN) qui met un accent particulier sur la e-vulgarisation à travers le service 3-2-1 et la mise en place d’un centre d’appel (en cours).

En matière de production animale, 8000 tonnes d’aliments bétail et 2400 tonnes d’aliments de volaille seront mises à la disposition des producteurs. Environ 10 250 vaches seront inséminées. 2 000 biodigesteurs seront réalisés.  Il est prévu la construction de 73 parcs de vaccination et de 74 forages pastoraux.

Les dépôts des semences et des engrais subventionnés sont effectifs dans les communes. Les bénéficiaires, les producteurs vulnérables notamment, ont été sélectionnés conformément au mécanisme de distribution des intrants et équipements agricoles et les opérations de leur distribution ont effectivement démarré.

Un suivi rigoureux est assuré à l’effet de trouver des solutions aux éventuelles difficultés.

Mesdames et Messieurs les journalistes,

Toutes ces actions ont été possibles grâce à la volonté des partenaires techniques et financiers d’accompagner le Gouvernement. En effet, suite au besoin exprimé, les PTF sous le leadership de la FAO a multiplié des plaidoyers pour la mobilisation des ressources financières nécessaires à l’atteinte des objectifs de réponse. Ainsi le gap de financement se réduit de jour en jour et il est important ici de remercier tous ces acteurs.

Mesdames et Messieurs les journalistes,

Avant de clore mon propos liminaire, je voudrais vous réitérer ma gratitude et celle de tous les membres du dispositif national de sécurité alimentaire pour votre accompagnement à toucher nos cibles et à accroître la portée de nos messages.

Nous sommes disposés à répondre à vos questions.

Merci de votre aimable attention !