La première réunion des ministres en charge de l’irrigation des pays couverts par le PARIIS se tient en marge du Salon africain de l’irrigation et du drainage (SAFID), organisé par le Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sècheresse dans le Sahel (CILSS) et l’Association régionale de l’irrigation et du drainage (ARID) du 28 novembre au 02 décembre 2022 à Niamey au Niger. 

Pour le Premier ministre du Niger, Ouhoumoudou MAHAMADOU, le PARIIS constitue une réponse stratégique  à la dépendance de l’agriculture aux aléas pluviométriques, dans la suite logique de la déclaration de Dakar par laquelle les chefs d’Etat et de gouvernement de six Etats du Sahel, réunis le 31 octobre 2013 lors de la Conférence de haut niveau sur l’irrigation au Sahel, ont convenu « de combiner leurs efforts pour accroître le rythme et la qualité des investissements dans l’agriculture irriguée, sur la base d’une approche participative et systémique de résolution des problèmes et de développement de solutions adaptées ». Et d’ajouter que la rencontre de Niamey a pour objet d’institutionnaliser les solutions innovantes d’irrigation et de repositionner cette technique comme une priorité pour lutter contre l’insécurité alimentaire, améliorer les revenus des populations et vaincre l’insécurité dans toutes ses formes. Le Chef du Gouvernement nigérien a insisté sur les responsabilités individuelles de tous les acteurs dans la concrétisation de l’initiative pour l’irrigation au Sahel.  Le Premier ministre Ouhoumoudou MAHAMADOU a affirmé l’engagement du président Mohamed BAZOUM au bénéfice du développement de l’irrigation.

Le Secrétaire exécutif du CILSS, Dr Abdoulaye MOHAMADOU, a indiqué que cette rencontre ministérielle vise à dresser un bilan d’étape du chemin parcouru depuis la mise en route du PARIIS dont l’objectif est de bâtir « une agriculture irriguée en expansion, productive, durable, rentable, créatrice d’emplois et assurant la sécurité alimentaire au Sahel ».  Dr MOHAMADOU a souligné que grâce à l’appui de la Banque mondiale, à la volonté politique des gouvernants et aux efforts des acteurs, le PARIIS a réalisé des résultats déjà encourageants. Il s’agit essentiellement de la réhabilitation de 10 000 ha de périmètres irrigués, la sélection de 22 000 hectares de terres à aménager, l’identification de 15 solutions d’irrigation à institutionnaliser et la construction d’un Service d’information régional sur les ressources en eau et l’irrigation.

Dans cette dynamique, le Secrétaire exécutif du CILSS a annoncé que son institution placera l’irrigation au cœur de ses interventions au cours de la prochaine décennie, notamment dans le cadre de son plan stratégique 2050.

Le président d’honneur du Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA), Mamadou CISSOKHO, a salué l’accompagnement de la Banque mondiale au PARIIS et appelé les Etats à accroitre leurs efforts pour le financement des actions d’irrigation. Il a invité à considérer les producteurs comme les premiers acteurs du secteur privé rural et de prendre en considération leurs investissements dans le développement agropastoral. Exprimant sa « foi en l’éternité du Sahel », M. CISSOKHO a plaidé pour le financement des mécanismes d’implication des paysans aux initiatives de développement rural.  

L’ambassadrice du Royaume d’Espagne au Niger, Mme Nuria Reigosa GONZALEZ, a relevé que la similarité des conditions agro-climatiques de certaines localités de l’Espagne et des pays du CILSS et les opportunités offertes par l’irrigation au profit de la sécurité alimentaire, de l’industrialisation et de la création d’emplois expliquent l’accompagnement de son pays à la mise en œuvre du PARIIS au Niger, au Sénégal et au Mali, à hauteur de 40 millions d’euros.

Pour sa part, la Directrice de l’intégration régionale de la Banque mondiale pour l’Afrique subsaharienne, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Mme Boutheina GUERMAZI, a soutenu que l’appui de la Banque mondiale au PARIIS pour un montant de 175 millions de dollars américains témoigne de la détermination de l’institution financière à développer l’irrigation au Sahel à l’effet d’assurer la sécurité alimentaire et le bien-être des populations. Pour atteindre les résultats escomptés, Mme GUERMAZI a exhorté à la gestion efficace du foncier rural, à la vulgarisation des technologies, au renforcement des capacités techniques et financières des organisations professionnelles agricoles et des petits producteurs et au développement de l’agro-industrie.

A sa suite, le vice-président de la Société financière internationale (SFI), Sergio PIMENTA, a dit l’importance pour son organisation de contribuer à la promotion de l’irrigation en faveur de la sécurité alimentaire et de la réduction de la pauvreté au Sahel où 2/3 de la population vivent dans des zones dépendant de l’agriculture pluviale.  M. PIMENTA a présenté la feuille de route de la SFI en matière de développement de l’irrigation. Elle prévoit l’appui aux interventions du secteur privé dans le domaine de l’irrigation, la facilitation du transfert des technologies modernes par des firmes leaders, le soutien du secteur privé pour le développement d’options de financement des opérations d’irrigation, la sécurisation des marchés des produits agricoles issus des systèmes d’irrigation et la mise en place d’un centre d’excellence en matière d’irrigation.

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Intervenant par visio-conférence, le ministre de l’Agriculture, des Ressources animales et halieutiques du Burkina Faso, Dr Dénis OUEDRAOGO, a mentionné le rôle central de l’agriculture irriguée dans son pays. Cet intérêt se traduit cette année en particulier par la mise en œuvre du Plan opérationnel d’appui à la campagne agricole de saison sèche en vue d’intensifier la production agricole et de renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la population. Il a salué les efforts fournis par le PARIIS au Burkina Faso et encouragé la poursuite des interventions. Outre la mobilisation des eaux de surface, a précisé le ministre Dénis OUEDRAOGO, le Burkina Faso entend réaliser des forages à gros débits et mettre en place des systèmes d’irrigation durables permettant une production ininterrompue et la sécurisation des exploitations face aux stress hydriques.

Les travaux ont permis de mettre en relief la pertinence du PARIIS en matière de développement agricole, les résultats obtenus, les solutions pour l’accélération de la mise en œuvre du projet et les perspectives d’extension de sa prochaine phase aux autres pays du CILSS et d’Afrique de l’Ouest.